Pas très loin des serres

Patti essayait de se familliariser avec ce nouvel environnement. Les ruines l'impressionnaient. Elle se demandait bien ce qu'elle faisait là et ce qu'elle pourrait faire pour aider à la reconstruction elle qui n'y connaissait rien en magie.
Donc Patti errait à travers le parc. Elle ne savait pas où elle allait. elle se laissait guider par ses pieds.
Patti arriva près des serres et vit au loin Konrad.
Elle accellera l'allure et arriva près de lui.

"Bonjour. Je m'appelle Patti. Patti Smith. Je suis nouvelle ici. Tu fais quoi?"

Patti se demanda si elle n'était pas intrusive avec sa question.

Konrad ne l'avait pas entendue arriver, bien qu'elle n'ait pas été spécialement discrète en marchant droit vers lui. Rien d'étonnant donc à ce qu'il tressaille légèrement au son de la voix de la jeune fille.

Le gryffondor leva les yeux sans redresser la tête, jetant par dessus ses lunettes un regard étonnamment grave et scrutateur à Patti. Cet éclat étrange dans ses prunelles disparut comme un nuage d'automne et Konrad répondit d'un ton hésitant:

"Bonjour, Patti... Smith." Il tourna la tête vers l'endroit où Billy avait disparu et ajouta de sa voix lente, en guise d'explication à sa présence:

"C'est l'heure du goûter."

En fait, Billy le Jarvey était assez mal accepté à la table des Gryffondor. Il n'avait pas mangé depuis toute une journée, car il s'était plus ou moins fait chasser de la grande salle. Il faut dire qu'un furet géant qui mange avec un air de frénésie incontrôlable, des bruits de succion mouillée, en plongeant le museau dans tous les plats, éjectant des miettes dans toutes les directions et se servant jusque dans les assiettes des élèves avait peu de chances de s'intégrer.
Personne n'avait officiellement osé se prononcer contre sa présence, mais Billy fut assez sensible au climat d'hostilité générale pour éviter l'endroit quelques temps.

Aussi, lui et son maître étaient venus près des serres, où devait se trouver la nourriture naturelle de Billy: rongeurs et gnomes.
Il n'aimait pas les rongeurs, à cause de leurs petites pattes glacées et de tous leurs poils désagréables au palais... Mais il fallait espérer pour Patti que le Jarvey n'attrape pas de gnome aujourd'hui: le spectacle était assez choquant pour la plupart des gens, peut-être à cause de l'apparence humanoïde des gnomes.

Soudain, à l'endroit où regardait Konrad quelques secondes auparavant, par terre devant lui, une chenille de taille monstrueuse apparaît dans un gros "POP": elle fait au moins 20cm de haut et 30 de long... Et puis avec un "HIC", elle retrouve sa taille normale, grande comme un doigt.

Le garçon se tourna à nouveau vers Patti et déclara presque avec naturel :

"Je crois qu'elle a mangé quelque chose là-bas." Il montra la serre intacte et poursuivit avec une loquacité inhabituelle:

"On dirait qu'elle a le hoquet."

Patti observait Konrad. Il avait l'air un peu spécial. Peut être était ce pour cela qu'il se tenait à l'écart des autres.
Il avait parlé de gouter, mais Patti ne l'avait pas vu avec la boîte en métal spécial gouter que tous les enfants de son âge emportaient à l'école. Patti se demanda ce qu'il allait manger pour son gouter.
Ensuite il lui dit que quelque chose avait mangé et avait le hoquet. Patti avait regardé dans la direction désignée par le garçon et ne vit rien.
Patti ne comprennait rien. C'était pas très grave, ce garçon semblait vraiment spécial.
Comme Patti ne connaissait pas grand monde ici, elle decida de faire un peu plus connaissance avec Konrad.

"Tu vas manger quoi pour ton gouter? J'ai l'impression que tu n'as rien. Note que moi aussi j'ai rien à manger."

Patti s'assit à côté de Konrad.

Konrad devait avoir l'habitude qu'on l'observe , ou peut-être n'avait-il simplement pas remarqué la perplexité de Patti; en tout cas, il n'y réagit pas.
Si la jeune fille n'avait pas compris un mot du discours un peu disparate de Konrad, lui ne comprit pas pourquoi elle lui parlait de son goûter. Il changea de position, dépliant la jambe où il n'avait pas de chaussure.

"Je ne sais pas. Je n'ai pas faim."

Cela lui rappela les jours où il n'avait pas école, et que sa mère lui mettait dans les poches dès le matin un gâteau ou un fruit, parce qu'il partait se promener parfois des journées entières et oubliait toujours de rentrer déjeuner. Peut-être que cette fille avait oublié de manger elle aussi, et que l'idée de voir Billy manger lui donnait faim. Cette idée dut rendre Patti sympathique aux yeux du garçon, puisqu'il lui adressa un véritable discours. Il pointa du doigt un arbre solitaire à plusieurs dizaines de mètres de la forêt interdite.

"Il y a des fraises là. Il y en a au moins... vingt ou vingt-cinq. Mais il y des oeufs sous les feuilles. Je crois que ce sont des oeufs de fées... Je ne sais pas si les fées protègent leurs petits."

Les fées, petites créatures hautes de sept ou huit centimètres, étaient plus réputées pour leurs jolies couleurs que pour leurs pouvoirs magiques très faibles. Mais en dépit de sa passion pour les animaux, Konrad semblait ignorer ce détail.

Franchement Patti trouvait Konrad vraiment très très étrange. Mais bon.
C'est vrai quoi, il lui dit c'est l'heure du gouter puis il ajoute ensuite qu'il n'a pas faim. C'est pas logique tout ça.
Patti ne se formalisa pas de tout ça.

"Tu as perdu ta chaussure? Comment tu sais qu'il y a des fraises là bas? J'aime pas trop les fraises des bois."

Patti glissa la main dans une des poches de son manteau neuf acheté par tante Julia. Elle y trouva un paquet de chocogrenouilles pas encore ouvert. Elle le sortit et le tendit à Konrad.

"Je croyais que je n'avais rien. J'avais oublié que j'avais ça. C'est ma tante Julia qui me les a offerts. Tu en veux?"

Ouah. Cette fille ausi oubliait de la nourriture dans ses poches.

"Ma chaussure est coincée dans un arbre." énonça-t-il calmement, sans préciser qu'il avait passé vingt minutes pendu par un pied dans ce même arbre, jusqu'à ce que son animal domestique se décide à ronger son lacet. La chaussure était restée coincée à la fourche d'une branche, mais le pied de Konrad avait été libéré, d'où une chute assez conséquente, qui expliquait les nombreuses brindilles accrochées à sa cape.

Patti avait mis dans le mille. Konrad adorait les chocogrenouilles. IL n'en avait eu qu'une fois, beaucoup plus jeune, mais s'en souvenait très bien. Il tendait la main vers le paquet quand quelque chose suspendit son mouvemment.
De faibles vibrations dans le sol, comme un grattement... de plus en plus perceptible... Le garçon regarda à gauche et à droite, et désigna une touffe d'herbe qui oscillait à moins d'un mètre d'eux.

"Là."

La touffe d'herbe se surélevait de plus en plus, puis fut éjectée avec une grosse motte de terre. Mais au lieu d'une taupe, c'est un gnome aux yeux écarquillés qui fit son apparition, se hissa hors du tunnel et tenta de déguerpir aussitôt. Un deuxième arrivant fit alors son entrée: Billy le Jarvey s'extirpa à son tour du trou en se tortillant et attrapa le gnome par la cheville. Ce dernier poussa un couinement aigu, mais le furet géant ne lâcha pas prise.
C'est alors que la chenille qui souffrait d'un hoquet magique, sans doute dû à l'absorption d'une plante bizarre dans une des serres avoisinantes, et que Konrad observait avant l'arrivée de Patti, se rappela au bon souvenir de tout le monde en multipliant à nouveau sa taille par dix.
Pour le coup, Billy lâcha le gnome et se précipita sur ce nouveau festin sûrement moins coriace. La chenille reprit alors juste à temps sa taille normale et les machoires du Jarvey claquèrent dans le vide.

Patti avait suivi le regard de Konrad et étouffa un cri. Elle n'avait jamais rien vu de pareil. C'était quoi tout ça? Elle se crut folle un moment.
Patti regarda Konrad d'un air effaréet lui demanda :

"C'était quoi tout ça? Tante Julia ne m'a jamais parlé de ça. Ca arrive souvent ce genre de chose ici? Dis on rentrerait pas voir les autres, c'est pas rassurrant ici?"

Konrad observait le gnome, qui n'avait pas fui bien loin et s'était remis à creuser. Il se retourna à l'exclamation étouffée de Patti.
Billy regarda son maître d'un air excessivement frustré et vint se réfugier dans ses bras à vitesse grand V.

"Tante Julia ?"

Il gratta la tête de Billy.

"...Je ne veux pas rentrer."

Konrad et le Jarvey se jetèrent un regard réciproquement affectueux... A leur façon.

"Billy n'a pas encore eu son goûter."

Il repensa à la chocogrenouille qui aurait pu être son propre goûter et son teint mat d'enfant des champs se colora légèrement.
Quant à Billy, il tourna son museau de prédateur vers l'endroit où il avait vu le gnome pour la dernière fois.

Vraiment ce garçon était très bizarre. Il voulait pas rentrer. C'est quoi son problème?

"Tante Julia, c'est pas ma tante c'est celle de mon père. Tante Julia elle a fait ses études ici. C'est grace à elle que je suis là. Je ne connais rien au monde magique. Et toi tu viens du monde magique?"

Patti tendit son paquet de chocogrenouilles à Konrad.

"Tu peux en prendre plusieurs et pour Billy aussi si il aime ça."

Ce n'était pas sa tante. Alors pourquoi l'appeler tante Julia ? Peut-être était-ce son prénom. Tantjulia .
Elle ne connaissait rien au monde magique... Pourtant elle était là. Konrad ignorait que des enfants de Moldus pouvaient avoir des pouvoirs magiques, et donc aller à Poudlard; il ne connaissait que des Moldus purement Moldus, des Sorciers issus de familles Moldus/Sorciers et des Cracmols.

Il déduisit donc de toutes ces déclarations énigmatiques que grâce à Tantjulia, Patti avait pu intégrer l'école sans avoir de pouvoirs magiques.
Konrad ouvrit le paquet de chocogrenouilles et en posa une dans sa paume.
Billy se glissa en tapinois vers la cachette du gnome. Par chance, le furet n'avait pas décidé de lancer une bordée d'injures, ce qui n'aurait pu manquer d'effrayer encore plus la Poufsouffle.

"Merci. Billy préfère la viande. Ma mère vit dans une pépinière de plantes magiques. Billy chasse les gnomes de l'exploitation."

La chocogrenouille bondit au sol. Konrad crut bon d'expliquer:

"Les gnomes sont nuisibles. Billy mange les gnomes avant que les gnome ne mangent les racines des plantes.
Je ne connais que les plantes magiques et les animaux fantastiques. C'est parce qu'il n'y a pas beaucoup de Sorciers dans ma famille."

Un couinement étouffé les avertit que Billy avait du rattraper son repas. Ses dents étaient particulièrement aiguës, mais les muscles de sa mâchoire étaient trop faibles pour étouffer un animal plus gros qu'un rat. Sa façon de mettre à mort les gnomes n'avait rien d'un acte propre et rapide, mais heureusement, on ne le voyait pas de là où étaient placés les enfants.

Patti comprit que si elle voulait que Konrad devienne son ami, elle devait respecter le fait qu'il soit étrange. Elle avait l'impression d'avoir un dialogue étrange avec le jeune garçon. Quelque chose de hors norme.
Elle mangea une chocogrenouille en réfléchissant à ce qu'elle allait lui dire.

"Tu as des frères et des soeurs? Moi j'ai un frère Paul. Un enquiquineur de première! Enfin il peut être sympa quand il veut.
J'ai une chouette, mais je ne sais pas où elle est. Il y a une volière, il parrait que c'est là que je la trouverai. Tu sais où elle est, cette volière? Comme ça je vais te montrer ma chouette. Elle s'appelle Poroly."

Patti voyait juste: son échange avec Konrad était parfaitement inhabituel. D'habitude, il ne parlait pas, et ne semblait même pas remarquer la présence des autres autour de lui.
Mais même si ça n'était pas d'une criante évidence, le garçon était ravi d'être à Poudlard, et du coup, devenait presque bavard. Il y avait des tas de choses passionnantes, par exemple, cette chenille qui avait le hoquet, même si maintenant il l'avait perdue. Il pouvait toujours se rabattre sur la chocogrenouille... Il s'était toujours demandé si on pouvait les classer dans les animaux magiques ou pas.

"Je n'ai pas de frère. Et pas de soeur. Mais mon cousin et sa soeur vivent à la pépinière. Ce ne sont pas vraiment mes cousins: ce sont les enfants de l'ex-femme de mon oncle... Ils sont sympa aussi."

Il espéra avoir répondu de la façon la plus symétrique possible et se mit à taquiner la chocogrenouille avec un brin d'herbe. Pourquoi ne sortait-elle pas sa langue gluante ?

"Peut-être qu'elle ne mange que des mouches en chocolat..." pensa-t-il tout haut. Il regarda alors vers le buisson le plus proche, d'où sortit Billy, le museau élégamment tacheté de rouge et le ventre gonflé comme un tonneau.

"Il y a une volière près du camp."

Il se leva maladroitement tandis que Billy se frottait dans l'herbe pour faire sa toilette.

"Sacrebleu de nom d'une pipe ! Rien de mieux que de baffrer à s'en exploser la panse !" s'exclama le Jarvey.

Patti se leva aussi à la suite de Konrad et tomba par terre en entendant ce qu'elle venait d'entendre. Elle se demandait qui avait parlé ainsi. Elle regarda Konrad.
Y avait un truc pas net avec ce garçon, c'est sûr. Cet endroit est vraiment trop étrange!

"Qui... Qui...Qui a hurlé comme ça?" demanda Patti quand elle fut un peu remise de ses émotions.

Billy aurait peut-être pu passer pour un ordinaire furet géant sans cette manie qu'il avait de jurer à tout bout de champ. Mais c'était sa façon à lui de s'exprimer, et il était particulièrement heureux de sa chasse.
Konrad sentit qu'il devait faire quelque chose comme présenter des excuses. Mais c'était un Jarvey, et tous les Jarveys parlaient comme ça ! Ou même pire...

"Billy est désolé.
... Enfin non, il n'est pas désolé. Tous les Jarveys aiment jurer. Mais un jour je lui apprendrai à parler poliment."

Billy se leva, propre et frais comme s'il ne venait pas de dévorer les entrailles d'un humanoïde, et fila en direction du camp.

"La volière est près du camp, Patti Smith..." ajouta-t-il d'un ton sérieux mais vaguement embêté qui signifiait : 'comment va-t-on arriver là-bas si tu t'assieds ?'.

Patti regarda Konrad, puis la bestiole, puis Konrad.
C'était cette créature qui avait parlé ainsi!
Patti n'en revenait pas. Tante Julia avait oublié de lui raconter plein de choses. Si elle avait su, elle ne serait jamais venue ici. Mais bon, elle y était ,il fallait qu'elle fasse avec.
Patti se releva.

"Billy est un Jarvey? C'est quoi un Jarvey? J'en ai jamais entendu parler.
Bon allons voir la volière."

Patti était prète à suivre Konrad vers la volière. Elle pensa qu'elle devrait s'habituer à plein de choses étranges.

Nitram remarqua deux élève qui devait comme lui être en première année qui parlait. *C'est l'occasion de faire des connaissance* se dit-il. Il s'agissait d'une élève de Poufsouffle et d'un élève de Griffondor. Il s'approcha d'eux et s'exclama:"Bonjour" d'une voie peu assurée.